Monday, February 20, 2006

Graz de ziel

Graziella étonne. Dans mon ingénuité la plus profonde, j'ignorais - ô lacunes insondables, gouffre de crasse nulle de l'idiotisme d'un demi-littéraire - j'ignorais donc que ce bon vieux Lamartine tâtait de la prose. Oui oui. Je m'étais platement arrêté aux mélodies douceâtres et pleurnichardes des Méditations, où pleurer dans un lac ou dans un vallon, c'est un passage obligé du romantique post-rousseauïste.
Alors oui, je l'avoue sans fard, je découvre Graziella. Obscur roman me direz-vous, et bien non. L'obscure est son découvreur tardif, votre modeste serviteur. Qu'est-ce que Graziella? Un récit de voyage matîné de Renéisme aigü, du Chateaubriand remâché à la sauce Rousseau en Italie? Pas vraiment. Sans avoir encore fini la lecture de ce roman - oui, oui, c'en est un, malgré la coloration éminemment autobiographico-fictive- je peux sans risque l'affirmer : Lamartine fait du Nerval avant l'heure.
La fille d'un pêcheur, un amour téléphoné, presque télécommandé, prévisible à cent lieues, certes. Mais il y a ce réemploi si gracieux des topoï romantiques - la tempête, la bonne âme généreuse qui sauve les pauvres et pieux miséreux abattus par un coup du sort. Pour un peu, on jurerait que Cosette a rendez-vous chez Moby Dick.
Alors oui, j'aime bien ce roman, ce récit, ce récit-roman-autobiographie-journal de voyage. Qu'importe.
Lamartine est sorti de l'étroitesse de la gangue fadasse où je l'avais enfermé à bon gré comme un repoussoir pleurnicheur. Oui, ça pleurniche à grosses gouttes dans Graziella, mais c'est tellement amusant de voir le récit se développer de topos en topos. Et puis, les paysages. Instructif. Oui oui.
Bon allez, stop la prose.

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